Page 161 - Le travail post-retraite
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Ce que l’on sait de l’avenir de l’économie
GRH myopes et syndicats populistes
Cette ségrégation sévit de façon rampante dans le monde du travail. Des managers et des GRH myopes relèguent des talents aînés au par- king. Des syndicats populistes, sans culture économique d’entreprise ni culture médicale, refusent à grands cris la prolongation de car- rière. Leur posture démagogique renforce l’âgisme et la représenta- tion dépréciative des aînés.
Contrairement à ce que leurs leaders braillent, les centrales syndi- cales de salariés ne rendent pas service à leurs ouailles. Elles incitent le business à se défaire des talents âgés que de surcroît elles démoralisent.
Certes, il faut moduler la cessation d’activité en fonction du métier : l’usure physique du couvreur survient plus tôt que celle de l’univer- sitaire ou du cadre dirigeant (six ans d’écart d’espérance de vie entre l’ouvrier et le cadre168). Mais penser la vie en trois tiers – formation-tra- vail-retraite – est une vision périmée depuis que les « vacances perpé- tuelles » durent parfois aussi longtemps que la période d’activité (SNCF, RATP...). Non-sens économique, non-sens psychologique.
Clint Eastwood apparaîtra de moins en moins comme un créateur isolé car les médecins préconisent la poursuite du travail. Il est un gage de maintien de la santé et du développement persistant des facultés. La reine d’Angleterre, Elisabeth II, n’est jamais apparue en aussi bonne possession de ses moyens qu’en les utilisant, à 94 ans, avec une diction impeccable, pour soutenir le moral de ses concitoyens, le 5 avril 2020, contre le coronavirus : « Nous vaincrons et de meilleurs jours viendront. Nous nous reverrons», avait-elle assuré. Elle avait fait sa première adresse aux enfants du pays en 1940, a connu le Blitz et œuvré comme auxiliaire militaire territoriale en 1945.
Il appartient aux dirigeants et aux communicants d’entreprise d’amener leur jeune personnel à rompre avec les idées toutes faites. Aux gestionnaires de ressources humaines d’imaginer l’art de garder aux tra- vailleurs âgés du plaisir à s’impliquer dans leur tâche. Aux managers de faire qu’ils aient envie de rester dans l’entreprise ou d’y revenir. À l’État, à la Justice si nécessaire, de punir la discrimination. Horrible car elle puise à la même source glauque que le racisme ordinaire.
Ne parlait-on pas dans les années 1930 d’éliminer les infirmes, les déficients et même les anciens, bref tous les poids morts, dans le sillage des écrits eugénistes169 du Dr Alexis Carrel (1873-1944), chirurgien de
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