Page 159 - Le travail post-retraite
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Ce que l’on sait de l’avenir de l’économie
qui fait les virements pour les emprunts du studio ? « Qui » qui garde les marmots pour que Bénédicte achève sa formation ou puisse assumer son plein-temps alors que son mari enchaîne les déplacements en province ? Le racisme âgiste traduit aussi les craintes qu’inspirent le monde du tra- vail à des générations «cocoonées» par les aînés qui y étaient entrés pour leur part avec plus d’ardeur et moins de caprices.
Pas de chance ! En ajoutant une couche d’âgisme au millefeuille anti- vieux existant, les juvéniles n’ont pas fait preuve d’originalité. Ils ont juste actualisé le «Pousse-toi, carte vermeil!» et le cliché qui va avec: les aînés au travail sont lents, comprennent à retardement, sont rétifs au changement. Pire, ils piquent la place des cadets ! Vrai ou faux, alors que la main d’œuvre qualifiée manque déjà ? Les vétérinaires, les médecins, les ingénieurs aussi... Leurs successeurs, effrayés par la charge de tra- vail, ne se bousculent pas à l’embauche.
On constatera pourtant le bénéfice de la transmission des savoirs, des savoir-faire, entre générations. Sans oublier la passation des savoir- être des aînés aux cadets que l’Éducation nationale livre inachevés ou bruts de décoffrage !
Or, ce sont les seniors qui pourraient être envieux. Ils ont moins souvent accès à la formation, aux promotions, aux changements d’affec- tation qui relancent une carrière que les cadets, pourtant fraîchement sortis de l’école. Car la boîte mise rarement sur les vétérans. Sauf en cas de perte stratégique de connaissances ou de procédures techniques ! Mais s’ils tombent au chômage, les chiffres le montrent, ils y demeure- ront durablement.
Les pas de côté de la préfète Sophie Brocas
Dira-t-on qu’elle n’aime pas le pouvoir, l’énergique et brune pré- fète Sophie Brocas, 60 ans, 15 ans journaliste et chef d’entreprise avant de devenir énarque puis conseillère à l’Élysée (2012-2014), du président Hollande, avec Emmanuel Macron ? Elle nuance : « La question est de savoir comment exercer un métier d’autorité tout en restant ce qu’on est, une femme avec une certaine sensibilité, un goût pour le dialogue et la recherche du compromis, sans se travestir»163, confie-t-elle à un journaliste alors qu’elle était pré- fète de Chartres. Cette autorité réside dans un ensemble d’atti- tudes et de savoir-faire ou de savoir-être auxquels l’avait préparé
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