Page 162 - Le travail post-retraite
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Pourquoi le travail post-retraite est indispensable
génie, Prix Nobel en 1912 et inspirateur des émules d’Hitler ? C’est ce racisme anti-vieux qu’il faut éradiquer pour des raisons pratiques plus qu’idéologiques. Car il est une nuisance pour le futur de la bonne ges- tion des entreprises.
Avec Carrel et quelques autres, la France des années 1930, qui se relevait de la Grande guerre et de la grippe espagnole, voulait tout miser sur une « jeunesse saine » qui allait porter le pays vers un hori- zon radieux. Ce jeunisme médiatisé ensuite par les Chantiers du Maréchal mais aussi par les fêtes de la jeunesse laïques et commu- nistes de l’après-guerre disqualifiait les aînés. Il en est resté l’erreur de ne pas miser sur une personne de 55 ans. À cet âge, elle songerait déjà à la retraite, plus du tout à l’entreprise. Vrai ?
La liberté d’esprit décisionnelle de la fin de carrière
On peut aussi penser qu’étant dans une position stable, l’esprit dégagé de la nécessité de s’imposer qui met les jeunes en compétition, la per- sonne mature peut réfléchir, prendre des décisions professionnelles plus sereines, mieux documentées. Elle peut s’employer plus saine- ment à sa tâche, au mieux, car pouvant mobiliser son expérience.
Qui voudrait encore se défaire du senior au bénéfice de l’âge pour- rait se dire qu’à 50 ans, il ne lui reste qu’à peine dix ans à faire dans l’entreprise. Or, il s’agit d’une durée nettement supérieure au temps que les jeunes si prisés mais si volatiles demeureront dans la même entreprise ! Et puis, la fin de carrière signifie aussi des arbitrages pris avec plus de liberté d’esprit, moins pour complaire à une hiérarchie dont, jeune, on est très dépendant.
Il est donc important, utile de ne pas laisser se développer la condescendance qui déconsidère les seniors au travail auprès de leur entourage professionnel: «Papy. Ouh, ouh! Le patriarche, tu m’en- tends ! Allez, on remue ses vieux os, on met son sonotone et on va à la réunion ». Ou encore : « Pas étonnant que tu travailles sur Churchill (1874-1865), t’as dû débuter avec lui », lance un technicien à une docu- mentariste chevronnée.
Sexisme et âgisme forment souvent la paire. La répétition, l’insis- tance enclenchent le processus de harcèlement. La plaisanterie se pré- tend affectueuse au départ mais elle fragmente les équipes et devient
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