Page 64 - Le travail post-retraite
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Le travail post-retraite
Une incitation raisonnée et civique à l’action
En résumé, sous une forme ou l’autre, on s’achemine vers une prolon- gation – ou un changement d’activité – qui ne relèvera plus de l’option mais de l’incitation raisonnée. Deux objectifs y conduiront : le maintien de l’aîné en bonne santé par la vertu de son intégration sociale pérenni- sée par son activité rémunérée ou non ; l’équilibre des comptes publics, du financement des retraites et de la dépendance.
Le but et la feuille de route paraissent clairs, évidents. Leur mise en œuvre et leur réussite n’appellent pas d’aménagements mais une prise en considération nouvelle des âges de la vie, du travail, de la retraite et de leur fonction sociale. Une interrogation proposée de longue date par les philosophes Pierre-Henri Tavoillot et Éric Deschavanne71 : « Pourquoi le temps gagné sur la mort devrait-il être affecté à la période inactive de l’existence, alors même que le travail constitue toujours le principal vecteur de l’identité personnelle ? Faut- il se résoudre à la perspective d’une vie découpée ainsi: 30 ans de formation, 30 ans de retraite ? »
Cette interrogation appelle aussi la révision totale de la relation des syndicats (dits «ouvriers») au travail, à une redéfinition de leur rôle. Aujourd’hui, ce rôle coïncide largement avec la défense des avantages acquis de salariés en CDI dans une perspective parfois corporatiste. Il en résulte une asymétrie des revendications en raison d’un taux de syn- dicalisation deux fois et demi plus élevé dans le secteur public que dans le privé. L’action syndicale vise aussi au maintien de garde-fous pour faire en sorte que l’emprise du travail sur l’existence diminue sans cesse de manière statutaire.
La retraite à 60 ans, un malentendu physiquement nocif
Les demandeurs d’emploi, les intérimaires et les indépendants bénéfi- cient plus rarement de l’attention des centrales syndicales de salariés. Euphémisme. L’abbé Lemire (1853-1928), «abbé démocrate», dépu- té-maire d’Hazebrouck, créateur des jardins ouvriers, instigateur du repos du dimanche militait pour la limitation de la semaine de travail à 60 heures. Les « 35 heures » (lois de 1998 et 2000) sont devenues un objet
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