Page 61 - Le travail post-retraite
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Le travail, clé de l’utilité sociale et de la forme
à la pratique d’une activité socialisée, rétribuée ou non, dont la nature peut varier. « La bonne santé à la retraite est liée au “bien-être ou bon- heur ressenti”. Or ce “bonheur ressenti” est moins lié à la richesse ou au revenu qu’à l’activité économique au sens où cette activité permet de développer des “capacités”, l’activité prévient la solitude, elle permet de gagner de la liberté et de la respectabilité sociale60. »
Les statistiques (2019) du ministère de l’Intérieur corroborent la thèse des économistes en montrant la surreprésentation des 60+ dans toutes les catégories d’élus des communautés territoriales. Ils comptent pour 23% de la population, mais 29% des conseillers municipaux, 31% des conseillers départementaux, 35% des conseillers régionaux et 44,5 % (presque la moitié !) des élus des communautés de communes !
Benoîte Groult, ou l’hédonisme du travail post-retraite
«Avoir les mains déformées, du moment qu’elles fonctionnent, quelle importance? Un jour, je me ferai attacher comme Renoir son pinceau, mon stylo aux doigts pour pouvoir continuer à écrire61 ! » Qui dira plaidoyer plus franc et engageant en faveur du travail et de la jouissance post-retraite que l’œuvre de Benoîte Groult (1920-2016)?
Pour l’impertinente prof de latin (Institut Bossuet, Paris) devenue journaliste (Radio France, Elle, Parents, Marie-Claire, F Magazine...) et auteure à la maturité, «faire» était un remède anti-vieillissement. Quel que soit le faire! « C’est ce que j’aime dans cette vie irlandaise. J’y déploie une activité physique boulever- sante après tant de mois assise à écrire. Je me régale d’efforts, de courbatures, de vaisselles, de corvées, de veilles, de saumure, et au total, je me retrouve souple, vive, musclée62. »
On pourrait en lisant ce qu’elle a écrit et publié entre 60 et 90 ans offrir un florilège de sentences autrement plus dynamisantes que les banalités redondantes du Petit Livre rouge de Mao. L’auteure ne cache pas l’appétit – gourmandise sexuelle comprise – qui continue à lui ouvrir de belles perspectives. «Je hais les beaux souvenirs. Je n’aime que les beaux avenirs»; «Le bel âge est après tout celui où l’on sait à quels rêves on tient le plus; celui où l’on peut encore en réaliser63. » Son goût raisonné mais immodéré de l’action la conduit à consigner au jour le jour son temps de navigation et le produit de sa
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