Page 59 - Le travail post-retraite
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Le travail, clé de l’utilité sociale et de la forme
intellectuelles indépendamment du niveau d’études. Il faut distinguer complexité de la tâche et littérarité. L’accès à la complexité peut se réa- liser sans passage obligatoire par l’univers académique.
« Que les personnes à qui la vie a refusé un haut niveau d’études ne se découragent pas. Un métier exigeant peut compenser les insuffisances de niveau d’éducation et permettre de garder un excellent fonctionne- ment jusque tard dans la vie », insiste Françoise Forette. La prescription est forte et précise. Et il ne s’agit pas d’une affaire de diplôme mais de type d’activité, d’envie.
Les entretiens que nous avions menés pour l’ouvrage La retraite, nou- veau départ ou mort sociale56 montraient effectivement des cadres urbains très éduqués, désemparés du fait d’avoir été dépossédés de leur statut, ina- daptés, déphasés. Ils étaient aussi à l’aise dans leurs nouveaux habits d’ap- prentis-retraités que l’Albatros de Baudelaire aux ailes inutiles sur le pont d’un bateau. Jacques Rigaud, le PDG des grandes heures de RTL, évoquait lui aussi cette sensation de handicap brutal, soudain, du cadre impréparé57.
Par ailleurs, d’ex-ouvriers de Citroën à Rennes se montraient, en parallèle à leur activité professionnelle, et sans bagage intellectuel ni a priori, investis de multiples manières dans la vie de leur paroisse, des associations, la vie publique de leur localité rurale. Ils s’y donnaient alors davantage, estompant la part prise par le travail dans leur exis- tence et passant, sans traumatisme, de l’activité à une retraite active et pleine de nouveauté.
L’activité socialisée du retraité, clé de son bien-être
Retraite progressive ou maintien partiel de l’activité sont des clés pour un avenir harmonieux, une bonne santé à long terme. Les conclusions de l’article «Comment la dynamique de retraite influe sur le bien-être aux âges avancés de la vie ? »58 sont éloquentes. Les résultats montrent qu’une prise de retraite progressive peut jouer comme un outil précieux dans la stratégie de construction de leur devenir actif pour les salariés contraints à quitter prématurément l’entreprise. Elle peut prévenir les risques de changement négatif et de baisse du degré de satisfaction à l’égard de l’existence. Ce degré de satisfaction de l’existence (ou de bien-être) est une notion-clé d’un vieillissement harmonieux. Développant son concept de « la société du vieillissement »59, le trio Lorenzi-Albouy-Villemeur le relie
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