Page 191 - Le travail post-retraite
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Le senior, si nécessaire à la transmission entre générations
Voici l’exemple d’une société axée sur l’édition et la communica- tion grand public, mais par séquences d’âges et de centres d’intérêt. Elle puise ses recrues dans le vivier de ses clients. Il s’agit des enfants de familles parfois favorisées par la prospérité, mais avant tout par un niveau culturel élevé et même une éducation à l’altruisme. Pourtant, la société déchante devant la difficulté à intégrer des générations mon- tantes, paradoxalement plus aventureuses que les précédentes, plus sûres d’elles-mêmes et de leurs talents digitaux mais plus craintives, et plus pessimistes.
Ces générations sont parfois déjà aigres et jalouses de ce dont leurs prédécesseurs immédiats (les trentenaires et quarantenaires !) les auraient privées. Les boomers croyaient au progrès, à l’amélioration des conditions de vie grâce à l’argent et à la technique. Les jeunes se sont parfois tournés vers une culture « post-Larzac », de la décroissance, du Do it yourself et de la réutilisation des consommables afin que rien ne se gaspille.
Que faut-il ajouter à ce tableau qui appelle à un réel déchiffrage des signes de chaque génération pour dépasser le fossé culturel séparant les âges conjointement à l’œuvre? Faut-il insister sur les formes de juge- ment aussi vite tranchées que peu étayées de la jeune génération ?
On stigmatise et on condamne d’abord, dans le bruit. On corrige après. On est à l’opposé de l’appréciation en nuances tissée d’expérience des aînés, de leur plus avisée lenteur dans la formulation de leurs ana- lyses et diagnostics. Or, la vitesse des digital natives n’est pas une garantie de leur infaillibilité professionnelle. Leur foi en l’entrepreneuriat indivi- duel, dont le rejet épidermique de la hiérarchie peut les faire rêver, n’est pas la garantie d’un eldorado ou du paradis. Plutôt la misère Uber qu’un pauvre salaire! «Recrute boomers d’urgence pour leur apprendre que l’erreur enseigne et qu’elle est la seule voie pour éviter de les accumuler. »
Le défi-qualité pour les gestionnaires de ressources humaines
La transmission générationnelle ascendante et descendante est la meil- leure garantie de la cohésion du personnel de l’entreprise autour de son projet, la colonne vertébrale assurant sa pérennité, car nul élément ne peut se déclarer compétent de manière isolée. La notion que l’aîné fera encore passer est celle de l’interdépendance des personnels et de leurs actions dans la production d’un résultat. Reste à institutionnaliser cette
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