Page 190 - Le travail post-retraite
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Pourquoi le travail post-retraite est indispensable
à l’égard des boomers qui auraient bénéficié de toutes les chances (paix, prospérité, plein emploi), de toutes les ressources sans être capables de s’adapter à la nouvelle donne issue de l’informatique et du numérique. Même experts reconnus en leur domaine et bons analystes des trajec- toires de l’entreprise, ils peuvent être jugés ringards, faibles, dépassés et soupçonnés de vouloir conserver les rênes! De surcroît, ils lègueraient l’incertitude de leur avenir aux jeunes, à l’heure où eux-mêmes bénéficie- raient d’une copieuse retraite. Ils leur lègueraient encore un monde plus âpre où trouver sa place est devenu ardu, s’acheter son chez soi mal aisé !
On ne reviendra pas sur les fragilités des X, moins aguerris par la vie que leurs devanciers, et plus encore des Y et des Z qui ont mis Descartes cul par-dessus tête, abandonnant la rationalité d’approche d’une question au profit de l’affectivité dominante ! Exit le Cogito Ergo Sum, le « je pense donc je suis». Vive le «je suis donc je pense (à moi)»! Ce moi qui est le substitut moderne de l’âme.
L’expert senior doit donc tenir compte d’interlocuteurs qui n’ont pas été coulés dans le même moule que lui. Ils se veulent plus aventureux, plus sûrs d’eux, car se croyant omniscients grâce au numérique étant des digital natives, mais plus défiants et peu structurés. Ils sont plus épris de coopération entre pairs que de verticalité dans la conduite de l’entre- prise et d’intérêt pour son futur. Plus diplômés, moins expérimentés au même âge, ils n’ont pas bénéficié de la débrouille acquise par les boo- mers. Voici mademoiselle Y et monsieur Z, parfois fanfarons, naïfs et vulnérables, comme les faisans d’élevage que les sociétés de chasse se font livrer avant l’ouverture pour les relâcher sous le feu des Tartarin cantonaux sans leur avoir enseigné les astuces de la vie au vert ! Ou en entreprise pour les perdreaux de l’année.
« Recrute d’urgence boomers pour rééduquer teenagers désabusés »
Naïfs, susceptibles et désabusés. Les tuteurs, ou les experts, seront souvent confrontés à des jeunes plus désabusés qu’ils ne l’étaient eux- mêmes, voire engagés dans la décroissance économique. L’entreprise ne fait pas de cadeau au nouveau venu si elle ne sait pas comment le saisir. L’intermédiation des boomers est nécessaire pour favoriser une acculturation favorable à la pérennité du contrat unissant un jeune salarié à la boîte qui a besoin de son énergie.
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