Page 90 - Le travail post-retraite
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Le travail post-retraite
Seniors créateurs d’entreprises
Le Japan Times92 raconte l’histoire de Mikiko Kuzuno, 75 ans. Récemment licenciée, elle avait postulé pour un emploi dans une usine proche de Tokyo. Elle l’a fait en personne pour montrer qu’elle n’avait rien de frêle. Son travail consiste à laver et emballer les essuie-mains mis à dispo- sition des clients dans les restaurants. Elle n’envisage toujours pas de prendre sa retraite, à la fois pour des raisons matérielles mais aussi pour éviter de tourner en rond à la maison où elle est seule. Uber Eats emploie des grands-mères en chaussures de sport pour livrer des pâtes et des repas aux alentours de ses restaurants dans les métropoles nipponnes.
Takayoshi Kimura, âgé de 73 ans, a été embauché à l’âge de 58 ans. Depuis, il est devenu l’un des meilleurs vendeurs dans un magasin très fréquenté de Tokyo. Il avait fermé son entreprise en difficulté dans une préfecture rurale. Puis il est venu dans la capitale à la recherche d’un emploi, laissant derrière lui sa femme, assistante sociale. Il constate que les emplois de gardiens ou de vaguemestres sont les emplois les plus souvent proposés à ses copains en province. Mais des seniors ont aussi profité de la retraite et du soutien financier ou des prêts que leur offrent les collectivités publiques pour créer leur entreprise en s’appuyant sur leur expérience antérieure.
Yoshiaki Sato, 65 ans, avait auparavant été chef de cuisine. Il avait aus- si dirigé une ferme aquacole. À 58 ans, il a ouvert un café-restaurant au sein d’un complexe résidentiel où il attire une clientèle de tous âges avec ses menus bon marché. À Chigasaki, dans la préfecture de Kanagawa, Masaru Yasuda, 64 ans, a créé une entreprise alors qu’il avait 61 ans pour venir en aide aux propriétaires de chiens93. L’expérience de Yasuda dans le marketing et dans la vente a été déterminante dans la proposition de ses services et la réussite de son entreprise. Les seniors japonais cumulent ainsi salaires et pensions (liquidées à 65 ans).
Le gouvernement voit le développement du travail senior comme une bénédiction pour l’encaissement d’impôts servant entre autres à financer sa politique sociale, mais il regrette que trop peu de personnes (1% seulement!) diffèrent jusqu’à 70 ou 75 ans la perception de leur pension qui bénéficierait alors d’un bonus de 40%. Le gouvernement nippon n’est pas sans envisager d’abolir un âge légal de la retraite. Mais la motivation des personnes reprenant un emploi n’est pas exclusi- vement financière. Il s’agit aussi de ne pas rester seul face à soi-même. La solitude est le lot de nombre de seniors nippons – un nombre multiplié
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