Page 79 - Le travail post-retraite
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Le travail, clé de l’utilité sociale et de la forme
2. Que les aînés apparaissent comme un vivier de recours afin d’atténuer le rétrécissement redouté de l’économie. La constitution de viviers de compétences enlèverait un souci aux employeurs, ces derniers constatant la disparition de spécialités indispensables (il n’y a pas que les médecins et les infirmières!). Ils constatent aussi la nécessité du maintien de civilités que les fonctions de service appellent. Les aînés ont à les transmettre aux jeunes car parfois l’école les a mal préparés à la vie active, notamment aux fonctions relationnelles.
3. Que les retraités travaillent encore à temps partiel (exception faite des professions pénibles) leur éviterait l’angoisse des fins de mois famé- liques. Qu’ils travaillent – bénévolement ou contre rétribution – contri- buerait aussi à l’amélioration de leur espérance de vie en bonne santé car, quel que soit l’âge, l’inactivité accroît le risque de mortalité79.
Pour qu’une réforme de fonds (qui ressemble de manière croissante à l’Arlésienne !) prenne une valeur pérenne, on gagnerait à intégrer à sa conception les 20 ans d’expérience internationale d’Experconnect dans la gestion de la participation des seniors et des experts retraités à l’essor de l’activité économique. L’exemple du retour dans l’espace des Space Cowboys que Clint Eastwood avait réunis pour aller dépanner un satel- lite d’un modèle ancien (2000) ne relevait pas de l’anecdote80. Il traduit une réalité sécurisante pour nombre de firmes industrielles allemandes faisant appel aux viviers soigneusement organisés de leurs anciens sala- riés devenus des consultants extérieurs appréciés.
Expérience, autorité, liberté : les atouts du post-retraité travailleur selon
le philosophe Pierre-Henri Tavoillot
Qu’on ne s’y méprenne pas, le philosophe sorbonnard Pierre-Henri Tavoillot n’encense pas les poursuites de carrière pour reprocher aux retraités épuisés par le turbin d’avoir opté pour le repos de la retraite. Mais il souligne que son sens a évolué jusqu’à friser l’extravagance.
« Inventée pour être un “secours” contre l’indigence sénile et un (bref) repos après une (longue) vie de labeur, la retraite est devenue, dans le giron de l’État-providence, et en dépit de tous les problèmes de finance- ment, une sorte de droit à l’épanouissement81. » D’où son argumentation qui fait du post-retraité affairé un «sage hypermoderne» puisque le travail structure l’identité plus que tout autre activité.
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