Page 41 - Le travail post-retraite
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Pas d’avenir pour l’économie sans les seniors
sont à la portée de l’expert reconnu qui satisfait le commanditaire de sa mission. Lui-même en retire encore davantage avec, à nouveau offerte, la joie intime et intense de s’être dépassé. «Je me réalise à travers mes capacités. Je me devance, je me recréee à travers les choses vécues. Ce que révèle l’expression “je ne me serais jamais cru capable de faire cela”. »
L’aîné doit-il redouter la concurrence des cadets? «L’on ne devrait pas confondre savoir et savoir-faire, la dextérité des jeunes gens est une prouesse technique non une supériorité symbolique. »
Mais, l’expert senior ne doit pas oublier les limites de son rôle, savoir transmettre ce qu’il sait et sait faire avec ses interrogations. Il est un facilitateur fugace, pas un maillon de la chaîne permanente de responsabilités. « Le bon maître doit accepter de disparaître, une fois son travail accompli. » CQFD !
Richard Bléjean, docteur-ingénieur-baroudeur
Il n’aurait pas fallu dire à Richard Bléjean, docteur-ingénieur retraité de l’industrie de l’énergie, 70 ans, qu’il avait l’air de piaffer dans son lumineux salon design versaillais lorsqu’il revenait de mission ! Il vous aurait cru et aurait avancé son départ pour la semaine sui- vante. En revanche, il ne saurait toujours pas dire comment on «fabrique» un expert en hygiène-sécurité-environnement-dévelop- pement durable, près d’un demi-siècle après son début d’activité dans le forage.
Ne lui demandez donc pas comment il a construit sa carrière. C’est sur un pile ou face dans un bistrot qu’il tenait pour l’été à l’île de Groix qu’il a choisi. «Entre géologie-géophysique et forage- production, c’est tombé sur forage ! »
Le goût du jeu, de l’action et des défis ont guidé les choix de l’ex-apprenti-pilote. Il a quitté l’École de l’air «parce qu’on n’y volait qu’une heure par mois». L’homme pressé, le joueur, aura su faire son miel des situations que le hasard provoque. « Le gars qui m’a embauché avait encerclé la mention pilote sur mon CV. Pour lui, un pilote avait des qualités de rigueur, notamment dans les procédures. »
Pour Richard Bléjean, «le pilote aime l’aventure, la liberté. Avec l’altitude, on se déplace dans la troisième dimension. Piloter l’avion, c’est passer par-dessus les obstacles hiérarchiques, avoir l’esprit
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