Page 29 - Le travail post-retraite
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Pas d’avenir pour l’économie sans les seniors
On le connaît moins comme le précurseur et le promoteur visionnaire du travail post-retraite. Il y a pourtant consacré un ouvrage entier, De Senectute, ou De la Vieillesse. Il a 63 ans lors- qu’il l’écrit. Un âge vénérable pour une époque où guerres et épi- démies vous fauchent à tout âge.
En dépit de la sobriété du titre, cet ouvrage a le même objectif que le J’ai choisi de bien vieillir du professeur Françoise Forette: promouvoir une vieillesse active et donc heureuse. Son livre réunit tous les exemples disponibles à l’époque : « Est-ce que la vieillesse paralysa le génie de ce grand poète ou celui d’Homère, d’Hé- siode, de Simonide, de Stésichore? Est-ce qu’elle flétrit le talent d’Isocrate et de Gorgias que je vous citais, ou de ces princes de la philosophie, Pythagore, Démocrite, Platon, Xénocrate, Zénon, Cléanthe, ou de Diogène le stoïcien? Est-ce que le mouvement de leur esprit s’arrêta avant le terme de leur vie?», s’indigne-t-il avant d’entrer dans le vif du sujet. «La mémoire s’affaiblit. Je le crois, si vous ne l’exercez pas, ou si vous avez un esprit ingrat. (...) On dit que la mémoire diminue, mais la vieillesse ne réduit pas les facultés intellectuelles, pourvu qu’elles continuent de s’exercer.(...) Les vieillards conservent leurs dispositions natu- relles, pourvu qu’ils conservent jusqu’au bout leur application et leur activité », prescrit-il. « L’affaiblissement des forces est plus lié à la santé qu’à l’âge: le soin de son corps, des exercices modé- rés, une alimentation suffisante mais sans excès permettent de lutter contre les effets du vieillissement», conseille-t-il comme tout bon médecin de famille. Ce n’est pas l’âge qui fait la qualité de l’individu: «Tous les âges sont insupportables à ceux qui ne trouvent en eux-mêmes aucune ressource pour orner et remplir leur existence », poursuit-il.
L’auteur ne prononce pas un éloge de l’âge pour l’âge mais reconnaît à chaque stade de la vie ses lacunes, ses élans, et déploie patiemment son argumentaire : « La vieillesse nous interdit l’action. Quelle sorte d’action? Est-ce celle qui convient à la jeunesse et à la vigueur de l’âge? Soutenir que la vieillesse n’agit point, est donc une vaine opinion; autant pourrait-on dire que le pilote n’agit pas en conduisant le vaisseau: en effet, tandis que les autres se hissent au mât, s’agitent sur les ponts, vident la sen- tine, lui, le gouvernail en main, se tient immobile à la poupe. La vieillesse ne fera pas ce que fait la jeunesse: non, mais elle fera
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