Page 143 - Le travail post-retraite
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Réserve médicale : organiser le long terme
Virti, une entreprise d’enseignement à distance de Bristol (Royaume- Uni), ayant des antennes au Texas et en Californie147, se proposait ainsi de mettre à jour les connaissances de 150 000 infirmières, médecins, agents de propreté, brancardiers, et de les préparer en deux semaines à affronter le déluge des cas de coronavirus attendus. L’entreprise avait ainsi formé 14 000 soignants aux États-Unis dans les jours précédents. Elle était sur le point d’en former plus de 50000 en ayant cassé ses prix durant la pandémie. Réactivité, responsabilité des tarifs, adéqua- tion de l’offre. Une enquête de debriefing livrera de précieuses infor- mations pour d’éventuelles épidémies ultérieures.
En Australie, le gouvernement a mis en place des formations en ligne pour l’amélioration de la pratique mais aussi la remise à niveau et l’élévation des standards de connaissances relatifs à l’infectiologie et aux soins intensifs148.
Le rappel s’est effectué en France, essentiellement pour les méde- cins en retraite depuis moins de cinq ans sans plus de précisions. Mais quid des médecins poursuivant une activité à temps partiel après la fermeture administrative d’un cabinet? Leur apport peut-il être pris en considération? L’essentiel réside dans l’aptitude intellectuelle et physique du praticien. Des associations américaines telles que l’Ame- rican Academy of Pediatrics (AAP) et l’American Board of Surgery (ABS) ont mis au point des protocoles de réadmission en service actif qui conviennent à la formation d’une réserve permanente en temps de crise et de non crise149. La Federation of States Medical Boards et le Council of Medical Specialty Societies s’emploient à favoriser le retour à la pratique de praticiens qui ont poursuivi une autre carrière ou qui sont en retraite. L’objectif est d’atténuer le choc d’une pandémie sur les établissements de soins et les professionnels en exercice.
Le défi consiste à créer une stimulation et un outil pour les attirer et les retenir. Une évaluation est la base afin de délivrer une autorisa- tion de pratique. « Les médecins qui veulent revenir doivent prouver à un comité d’accréditation qu’ils sont à jour sur les dernières techno- logies, traitements et protocoles, et que leurs compétences cliniques restent solides », selon le Pr Kimberly J. Templeton (University of Kansas Medical Center). Pour elle, hors épidémie, ce recrutement est crucial au regard des manques de praticiens. Or la gestion de cette réserve médicale, qui fait écho à d’autres carences de compétences de pro- fessionnels et d’experts, notamment dans l’industrie, ne relève pas de la conjoncture mais de l’organisation permanente de la sécurité des
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