Page 139 - Le travail post-retraite
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Réserve médicale : organiser le long terme
d’audit pour montrer l’inadéquation de l’organisation existante avec la situation pour la gestion de la réserve sanitaire. Sa lecture engendre des frayeurs rétrospectives qui touchent moins la qualité des soignants de tous niveaux et de tous âges (ou encore de toutes provenances) déployés sur le terrain que la pagaille organisationnelle.
On se contentera de quelques citations percutantes qui sou- lignent des conflits de compétences, de prérogatives, de hiérarchies, une dispersion des outils de commande, une gestion peu perfor- mante des ressources humaines. Une leçon à retenir pour la consti- tution de toute réserve de talents, quel que soit le secteur d’activités. Morceaux choisis :
Inadaptation: «La réserve sanitaire suscite beaucoup d’insatis- faction depuis le début de la crise sanitaire, parce que ses missions et sa doctrine d’emploi sont mal connues mais aussi parce que ses moyens sont insuffisants. En outre, elle n’a pas été conçue pour faire face à une crise à cinétique longue comme celle qu’a causée l’épidémie de Covid-19 (...).En tout état de cause, le manque de visibilité nuit considérablement au recrutement et donc au bon fonctionnement de cette réserve. »
Inefficacité: «Sur 45000 inscrits sur la plateforme de la réserve sanitaire, seuls 4 600 sont en effet véritablement engagés et prêts à partir dans des délais raisonnables. En cas de crise explosive, avec des besoins immédiats, seules trois personnes sur cent contactées étaient prêtes à partir, avant même d’avoir commencé à les sélectionner. Si le départ était immédiat avec un besoin d’expertise spécifique, le taux était infé- rieur à 1%.»
Libéraux mal aimés: «Les libéraux sont en outre les réservistes qui sont payés le plus tardivement, pour des raisons liées au calcul de leurs charges sociales, sans que les rapporteurs aient pu se faire expli- quer pourquoi ce calcul était plus long pour un professionnel exerçant en libéral que pour un salarié (...). Les professionnels libéraux ne repré- sentent ainsi que 7% des effectifs de la réserve sanitaire alors qu’ils pourraient offrir des marges de manœuvre en cas de crise en armant des cellules d’urgence médico-psychologique, notamment, qui déchar- geraient les hôpitaux. »
Cacophonie interministérielle: «L’expérience relatée par des direc- teurs d’ARS montre que cette mobilisation a été relativement confuse et inefficace, en faisant intervenir des acteurs de manière parfois sym- bolique et en mettant en lumière des insuffisances dans la coordination
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