Page 134 - Le travail post-retraite
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Pourquoi le travail post-retraite est indispensable
part de l’effort au cœur de la crise138. Le service de santé irlandais, Be on Call for Ireland, a reçu 70 000 réponses positives à son appel. Au nombre des engagés, le Dr Chris Luke, 61 ans. Cet urgentiste avait pris une retraite anticipée pour une blessure au cou et des problèmes neurologiques, mais «je suis content d’être de retour, j’ai un objectif»139, dit-il. Son collègue, le Pr Colm O’Morain, patiente car, malgré ses titres, il a plus de 70 ans et ne peut encore être déclenché.
À 73 ans, Henri Faugon, chirurgien reconstructeur tourangeau retraité depuis trois ans, pensait être mobilisé par la réserve nationale pour l’étranger en zone de conflit. Mais à l’hôpital, il devrait plutôt faire de la régulation ou prêter main forte aux urgentistes débordés. Cela l’inquiète-t-il ? Pas vraiment. « Les urgentistes sur place nous explique- ront comment faire la régulation»140, explique-t-il. Le docteur-barou- deur aura été affecté dans les Hauts-de-France. «On sera envoyé dans un hôpital et briefé sur place par les urgentistes. Je suis chirurgien au départ, il y a plein d’aspects de la médecine générale que je ne connais plus, donc ils vont nous expliquer comment bien interroger les gens au téléphone, car en fait ce qu’il faut, c’est faire le diagnostic et faire le test pour bien confirmer qu’on a affaire au coronavirus. »
L’utilité d’une réserve senior actualisée
Les témoignages recueillis au «front» de la pandémie du printemps 2020 montrent l’utilité d’une réserve senior. Mais celle-ci pourrait de manière plus durable compenser les aberrations de la démographie médicale, durablement étranglée et vieillie. La faute aux numerus clau- sus* et à un moindre appétit des jeunes promotions féminisées pour les longues semaines de labeur solitaire en cabinet indépendant, du fait des obligations familiales. Les vertes prairies de la France rurale se transforment en désert médical...
* Un numerus clausus a été instauré à partir de 1971 pour l’accès aux études médicales, et de dentisterie, avant d’être desserré progressivement à partir de 2003.
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