Page 82 - Le travail post-retraite
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Le travail post-retraite
La seconde vie d’expert
des leaders syndicalistes salariés
Même s’ils revendiquent des départs à la retraite à 62 ans ou plus précoces pour leurs ouailles, notamment celles qui relèvent des régimes spéciaux (!) et pèsent par leurs adhésions sur l’expression de leur « centrale ouvrière », les leaders des syndicats de salariés ont souvent joué les prolongations. Le mélomane Henri Krasucki (1924-2003) est resté secrétaire général de la CGT jusqu’à 68 ans. Et d’autres, nombreux, ont entamé une deuxième carrière à l’issue de leur mandat.
« Je ne me voyais pas ne plus être du tout dans l’activité, si je m’étais arrêté d’un coup, cela aurait été terrible», a confié l’ancien militant FO Jean-Claude Mailly86, 67 ans, devenu conseiller en management. Il a donc créé JCBC Conseil, «JC pour Jean-Claude et BC, pour bureau confédéral ! ». Mais il est aussi Senior Advisor87 et conseiller en relations sociales auprès de Raymond Soubie, 80 ans, président d’Alixio et ancien conseiller social de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy... Un autre expert senior puisque Raymond Soubie était déjà le conseiller du ministre du Travail en 1969, puis de Raymond Barre ! Mais JCM n’est pas le seul.
Secrétaire général de la CGT (1999-2013), Bernard Thibault est admi- nistrateur de l’Organisation internationale du travail (OIT). À l’issue d’une carrière de permanent, l’ex-secrétaire général de la Fédération des Finances CGT et conseiller confédéral, Jean-Christophe Le Duigou, prend sa retraite en 2010, à l’âge de 61 ans, en qualité de Conservateur des hypothèques. En 2013, à 65 ans, il devient conseiller d’État en ser- vice extraordinaire. Évincé de la tête de la CGT au profit de Philippe Martinez, le successeur de Bernard Thibault, Thierry Lepaon (2013-2015), 60 ans, connu pour les dépenses somptuaires du syndicat dans son loge- ment de fonction et son bureau professionnel88, est inspecteur général de la Jeunesse et des Sports après avoir été, de 2017 à 2019, le « délégué interministériel à la langue française pour la cohésion sociale » (sic !) du gouvernement Valls. Une récompense pour avoir su écrire Moulinex* sans faute d’orthographe ?
Plus sérieusement, on observe qu’Eugène Descamps (1922-1990), ex-secrétaire général de la CFTC, fondateur de la CFDT et négociateur
* Ouvrier-soudeur à l’origine, il fut employé par la marque d’électro-ménager à partir de 1983.
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