Page 103 - Le travail post-retraite
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Ce n’est pas parce qu’il aimerait en découdre pour faire loi et justice lui-même que le citoyen suisse conserve avec soin son fusil d’assaut à la maison au fond du placard et sous clé. Bien
au contraire, le Suisse se méfie d’une armée de métier qui pourrait se retourner contre la nation, le peuple – une idée révolutionnaire qui a longtemps valu à la France d’entretenir une armée de conscription.
Le citoyen suisse a conscience de l’idée républicaine selon laquelle il a des devoirs, des charges à assumer au bénéfice de la collectivité à laquelle il appartient. Heureusement, car seul le noyau de l’armée suisse est constitué de professionnels, l’essentiel de l’effectif étant com- posé d’une importante réserve. Cette armée est d’autant plus aisément mobilisable qu’elle doit périodiquement reprendre un entraînement, une formation, une actualisation de ses connaissances.
Rendre les Français mobilisables
Reste pour la France à mobiliser l’armée de seniors dont elle a besoin afin que l’économie ne sombre pas mais retrouve sa productivité après les chocs violents, comme la pandémie, que le pays a endurés. Mais voi- ci le handicap du Français. Sa culture l’a difficilement familiarisé avec le masque sur le visage, de longue date admis à Séoul où circulent les poussières fines venues de Chine, et avec l’idée du travail post-retraite.
De la même manière qu’une réserve militaire étendue avec armes d’assaut à domicile échappe à l’esprit français tout en risquant de consti- tuer un danger dans l’Hexagone, la possibilité de mobiliser les retraités pour le travail échappe à la conception même des principaux syndicats de salariés. Inimaginable. Ils sont les otages de leurs adhérents crispés sur
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